#SkinnyTok : Une tendance dangereuse qui impacte l’image corporelle des jeunes

Image corporelle et réseaux sociaux : décryptage du phénomène #SkinnyTok
TW : Contenu sensible, troubles du comportement alimentaire (TCA)
Depuis quelques temps, une tendance américaine inquiétante a émergé sur TikTok sous l'hashtag #SkinnyTok et qui se propage en France. Ce phénomène attire des utilisateurs et utilisatrices qui publient des contenus à promouvoir des idéaux de beauté extrêmes et une minceur irréaliste, généralement accompagnés de régimes alimentaires stricts et de routines d’exercices intenses. Au premier abord, ces vidéos semblent inoffensives. Seulement, elles ont des répercussions profondes sur l’image corporelle et la santé mentale des jeunes, en particulier ceux qui sont déjà vulnérables face aux pressions sociales.
Image générée par IA
Il est nécessaire de rappeler à l’ensemble des personnes qui utilisent les réseaux sociaux que les images et les vidéos qui sont publiées sont souvent différentes de la réalité.
On peut très rapidement commencer à se comparer à ces contenus et, se faisant, nuire à notre estime de soi et engendre des troubles du comportement alimentaire (TCA). Des phrases courantes que l’on retrouve dans ces vidéos telles que “Mange mal et ton corps de le fera payer” ou “Arrête de te récompenser avec de la nourriture, tu n’es pas un chien”, véhiculent des messages violents et culpabilisants. Un autre exemple : “La malbouffe que tu veux depuis une heure ou le corps de rêve que tu as toujours voulu pour toute la vie ?”. Ces déclarations minimisent l’importance de l’équilibre alimentaire et ignorent la réalité des relations saines avec la nourriture.
Actuellement, l’hashtag #SkinnyTok compte 18,1K vidéos, un chiffre qui témoigne de la popularité croissante de cette “tendance”, notamment auprès des jeunes.

Au début des années 2000, le mouvement “pro-ana”, pour “pro-anorexie”, a émergé sur les forums et les blogs en ligne. Celui-ci visait alors à encourager, principalement les jeunes filles, à adopter des comportements dangereux poussant à la maigreur, synonyme de beauté. Au fur et à mesure, ces contenus ont été censurés du fait de leur dangerosité et de l’impact qu’ils avaient sur les jeunes.
Le mouvement #SkinnyTok, comme “pro-ana”, normalise des comportements dangereux. Les personnes qui en parlent évoque la nécessité, pour perdre du poids, d’être en “déficit calorique”. Ici, nous sommes même en sous-nutrition.
Pour rappel, le déficit calorique est un concept où l’on consomme moins de calories que ce que le corps brûle.
Pour un jeune adulte de 20 ans, sans activité physique, les besoins caloriques moyens sont d’environ 2000 à 2400 calories par jour pour une femme et de 2400 à 2800 pour un homme.
Ces besoins peuvent toutefois évoluer selon si une activité physique est pratiquée.
Dans les vidéos relatives à l'hashtag #SkinnyTok, 1200 calories sont alors préconisées, ce qui correspond en moyenne à l’apport journalier d’un jeune enfant.
De la même manière, l’IMC (Indice de Masse Corporelle) est souvent utilisé pour juger la santé d’une personne.
Seulement, cet outil de mesure ne tient pas compte de la masse musculaire, de la distribution des graisses corporelles, de l’âge ou encore du genre de la personne.
On comprend rapidement qu’il est difficile de se baser uniquement sur l’IMC pour évaluer la santé individuelle.
Comme pour le mouvement “pro-ana” de l’époque, #SkinnyTok favorise la culture de la comparaison où la minceur est vue comme un signe de “contrôle” et de “réussite”.
Ce contrôle sur le corps devient une obsession.
Aujourd’hui, grâce à la viralité des réseaux sociaux, les algorithmes de TikTok rendent ces contenus facilement accessibles. Derrière cette quête de “perfection” se cache un réel danger pour la santé mentale. Malgré des avertissements dans certaines vidéos, il est évident que beaucoup de créateurs et créatrices de contenus ne mesurent pas la portée de leur influence. Eux-mêmes se retrouvent dans le déni quant aux effets néfastes de ce dont elles font la promotion.